Pour une citoyenneté éclairée

« L’Etat le plus centralisé n’est pas du tout maître de ses plans, lui aussi est expérimentateur, il fait des injections, il n’arrive pas à prévoir quoi que ce soit : les économistes d’Etat se déclarent incapables de prévoir l’augmentation d’une masse monétaire. La politique américaine est bien forcée de procéder par injections empiriques, pas du tout par programmes apodictiques. Quel jeu triste et truqué jouent ceux qui parlent d’un Maître suprêmement malin, pour présenter d’eux-mêmes l’image de penseurs rigoureux, incorruptibles et « pessimistes » ? C’est sur les lignes différentes d’agencements complexes que les pouvoirs mènent leurs expérimentations, mais que se lèvent aussi des expérimentateurs d’une autre sorte, déjouant les prévisions, traçant des lignes de fuite actives, cherchant le conjugaison de ces lignes, précipitant leur vitesse ou la ralentissant, créant par morceau le plan de consistance, avec une machine de guerre qui mesurerait à chaque pas les dangers qu’elle rencontre. »
Gilles Deleuze et Claire Parnet – Dialogues – Ed Flammarion – 1977 – p. 174,175

«  Mais quand le noeud social commence à se relâcher et l’Etat à s’affaiblir ; quand les intérêts particuliers commencent à se faire sentir et les petites sociétés à influer sur la grande, l’intérêt commun s’altère et trouve des opposants. (…) Enfin quand l’Etat près de sa ruine ne subsiste plus que par une forme illusoire et vaine, que le lien social est rompu dans tous les cœurs, que le plus vil intérêt se pare effrontément du nom sacré du bien public ; alors la volonté générale devient muette, tous guidés par des motifs secrets n’opinent pas plus comme Citoyens que si l’Etat n’eût jamais existé, et l’on fait passer faussement sous le nom de Lois des décrets iniques qui n’ont pour but que l’intérêt particulier. »
Jean Jacques Rousseau  - Du Contrat Social – 1762 Livre IV - Chapitre 1 / Que la volonté générale est indestructible 

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Une véritable analyse des rapports de puissance dans le monde ne peut s’exonérer aujourd’hui de celle des réseaux d’influence, dont les stratégies, en rapport avec les missions qu’ils se donnent, interfèrent avec les structures politiques nationales et multilatérales, et donc, avec les différentes formes d’organisations et de systèmes de valeurs que les démocraties se sont données.

Or aujourd’hui, l’étude critique de ces réseaux est par avance trop souvent disqualifiée car elle ne pourrait relever que d’un fantasme conspirationniste et de ses nombreux épigones, bien réels et nombreux.

Les démocraties se privent alors d’un champ entier et vaste d’analyse sur leur propre réalité historique et géopolitique.
De fait, et dans tous les cas, les réseaux d’influence et l’espace politique furtif qu’ils sculptent deviennent le point aveugle de nos démocraties mais aussi de la géopolitique contemporaine.

En d’autres termes – empruntés à Jean Jacques Rousseau dans Du Contrat Social – vouloir ignorer comment les petites sociétés influent sur la grande, c’est placer l’obscurantisme à l’intérieur des sciences politiques et de la démocratie tout en offrant l’intérêt général en pâture aux intérêts particuliers et à leurs zélotes.
Un devoir de rationalité s’impose donc sur le sujet afin d’établir les termes d’une citoyenneté éclairée par la construction d’une introspection scientifique et de ses cadres théoriques. La science géopolitique est au bout de ce chemin, la vocation de ce site n'est pas autre que de lui en donner l'impulsion.
Sinon, il se pourrait bien que la mise en garde suivante ne devienne efficiente :

Aujourd’hui on célèbre partout le savoir. Qui sait si, un jour, on ne créera pas
des Universités pour rétablir l’ancienne ignorance ?

Lichtenberg (1742-1799)

Ce site est dédié à tous ceux qui ne renonceront jamais
sur le chemin de Nouvelles Lumières, de l’humanisme et des humanitas.
Il est dédié aux traceurs de routes, aux cintreurs de parallèles,
à tous ceux qui oeuvrent pour une autre politique de civilisation.

Nommément et avec humilité, il est dédié à Eva Joly

« Pourquoi sommes-nous restés passifs face à cette faille profonde du système démocratique ?
Parce que la globalisation financière a vidé d’une grande partie de leur substance des notions que nous avions mis deux
siècles à bâtir et que nous ne savons pas encore par quoi remplacer.
En somme, nous avons détruit sans reconstruire : par défaut, nous laissons en place les anciens vestiges,
de peur d’être pris de vertige. »

Eva Joly – Est-ce dans ce monde-là que nous voulons vivre ?
Ed. Les Arènes – 2003 - p 302

Important : Il va sans dire que les analyses qui figurent sur ce site ne sauraient engager Eva Joly en aucune manière

Je tiens à remercier ceux dont les ouvrages précurseurs m’ont mené sur ce terrain d’étude et de recherche, ce site aussi leur rend hommage :

Agnès Bertrand et Laurence Kalafatidès, Belén Balanya, Ann Doherty, Olivier Hoedeman, Adam Ma’anit, Erik Wesselius et  Raoul Marc Jennar dont les travaux pionniers pointent au plus profond les interférences historiques et les collusions entre les institutions supranationales (OMC, UE) et les réseaux d’influences entrepreneuriaux (TABD, ERT, ESN, ESF, CSI, UNICE, AUME, etc…)

Stephen Boucher et Martine Royo pour leur travail plus spécifique sur les Think tanks (ou laboratoires d’idées) et les enjeux politiques qui les entourent en regard de leur diversité. La préface de leur livre, due à la plume alerte de Pascal Lamy mériterait d’être relue à l’aune du contenu de ce site et notamment de la « fiche global leader » qui le concerne…

Enfin Geoffrey Geuens dont l’ouvrage de recherche fleuve « Tous pouvoirs confondus » a constitué pour moi une base importante de réflexion et de recherche, tout comme sa préface rédigée par le physicien Jean Bricmont (auteur avec Sokal de « Impostures intellectuelles »).

Je donne en bibliographie les références de leurs livres (ainsi que beaucoup d’autres), tous passionnants et richement documentés.

Un fonds dans lequel aussi j’ai été emmené parfois à piocher à l’opportunité en m’efforçant de référencier ces emprunts.


A tous, j’offre en retour le contenu de ce site…

 …    « On commence toujours par le milieu »

Blaise Pascal

Et un grand merci aussi et essentiel à Stéphane Gez / El Gringo Mayor (webmaestro), l'ami disciple d'Epicure, de la six cordes électrisée et des Gens du Bar, pour avoir mis à ma disposition ses talents informatiques et ses solides connaissances de la langue anglaise. Sans lui, la planète-site ne tournerait pas rond. C'est aussi sa tournée!

 

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