Patrick Gatines / 15 mai 2009

Observatoire Géopolitique des Réseaux d'Influence
Avertissement !

 

« Les Droits de l’Homme ne nous feront jamais bénir les « joies » du capitalisme libéral auquel ils participent activement. Il n’y a pas d’Etat démocratique qui ne soit compromis jusqu’au cœur dans cette fabrication de la misère humaine. La honte, c’est que nous n’ayons aucun moyen sûr pour préserver et à plus forte raison faire lever les devenirs, y compris en nous-mêmes. »

Gilles Deleuze – Pourparlers - Ed de Minuit – 1990 – p. 234

 

Dans la mesure où il m’a été rigoureusement impossible d’ouvrir ce site plus tôt,  il paraît dans un contexte politique bien particulier : celui de
la campagne électorale des élections européennes du 7 juin 2009
ce qui nécessite à mon sens quelques mises au point quant à des utilisations anti européennes et anti élites
qui pourraient être faites des informations et analyses qui y figurent.
 
Ce site est avant tout l’œuvre d’un démocrate, d’un humaniste mais aussi d’un européen profondément convaincu, pour qui l’Union Européenne constitue un espace politique hautement précieux, animé dans son projet originel des valeurs fondamentales et indispensables des Lumières. Valeurs bafouées pendant la seconde guerre mondiale dans l’horreur de l’holocauste et dans l’ignoble de la Guerre Totale ou peuples d’Europe et du monde se sont déchirés au-delà de l’inimaginable.
C’est dans la pleine conscience d’un « Plus jamais ça ! » et bien que coupée longtemps en deux par un Rideau de Fer que la dynamique européenne multilatérale puis supranationale s’est construite par-delà la CECA puis la CEE pour aboutir aujourd’hui à l’Union Européenne, regroupant à ce jour 27 pays membres travaillant ensemble dans une communauté de destin à la constitution d’un espace politique régional commun.
Une telle entreprise géopolitique collective constitue une aventure sans précédent qui de la Renaissance d’Erasme et de Vinci, en passant par Voltaire, Montesquieu et Rousseau puis à Hugo se concrétise dans une originalité de gouvernance – certes très perfectible – mais unique au monde : un parlement multilatéral constitué de représentants élus des 27 pays membres en assure bonne partie de son pouvoir législatif. Pas assez, sans aucun doute, mais amorce tout de même, et concrète, d’une Politique de Civilisation, en lieu et place de la barbarie à visage inhumain puis humain : celles du  fascisme nazi puis du totalitarisme soviétique.

Etre europhobe ou même eurosceptique (de droite comme de gauche) dans une telle perspective c’est oeuvrer pour une politique de dé-civilisation.
Mais être europhile c’est aussi y verser mais de façon plus sournoise : car c’est aussi bannir tout esprit critique de la sphère de pensée du destin européen et en chasser le citoyen, ses exigences démocratiques, sociales et écologiques - bref avec tous ses désirs impérieusement nécessaires aujourd’hui à une bifurcation civilisationnelle indispensable. Il se pourrait bien que si, tant est que « l’homme est un loup pour l’homme », ce soit sous la livrée du pasteur de troupeau europhile qu’il se présente aujourd’hui sous son plus grand format, guidant le citoyen européen vers les horizons d’un nouveau genre de régime politique par de-là Démocratie et Totalitarisme, par de-là Droits de l’Homme et Lois de la Jungle, par de-la Esprit des Lois et petit commerce des règlementations, par de-là fierté d’être au monde et honte d’y être.

Oui un autre genre de régime politique alliant gouvernance mondiale, régionale, nationale, mais aussi réseaux de firmes transnationales et réseaux d’influence est en train de naître et de se structurer sur fond de mondialisation libérale : un régime Globalitaire à l’organisation et à la politique furtive. C’est avant tout, me semble-t-il ce changement de paradigme politique en formation qui doit être questionné.

C’est l’exploration et l’analyse fine de ses multiples facettes et sa profonde complexité géopolitique qui est le véritable moteur de ce site.
       
Je ne veux donc avoir de quelconque manière à voir avec aucun de tous ces europhages qui, soit par le rejet (plus ou moins avoué), soit par une eurolâtrie siphonneuse de tout esprit critique et par là même de toute conscience politique profonde, nous mène droit dans le mur d’une autre honte  où s’agglomèrent celle du rejet du projet européen et celle de la résignation et de l’impuissance citoyenne, quand elle n’est pas aussi intellectuelle, face à une vision de l’Europe toujours libérale dans une dimension du marché-roi imposé comme seul horizon de devenir -- qu’il soit piteusement régulé ou non.
  
La voie suivie sur ce site est toute autre que celles précédemment évoquées, plus que celle même d’un lanceur d’alerte, c’est celle d’un éveilleur de consciences ; de la mienne d’abord et de la votre peut-être ensuite, pour peu que vous ayez décidé comme moi de réanimer cette « force qui nous manque » dont parle Eva Joly. Exercice qui, à mon sens et de plus en plus, ne peut que passer par une introspection intellectuelle à la fois lente et méthodique afin de développer de nouvelles idées, de nouveaux concepts, de nouvelles représentations géopolitiques comme autant de façons de « faire lever des devenirs ».
Un tel exercice demande il est vrai de sacrifier ce que la société globalitaire de l’information (remarquablement étudiée par Paul Virilio) a fait de plus rare en ce bas monde ; à savoir le temps. Et du temps, ami internaute, il t’en faudra  comme il m’en a fallu  pour réfléchir la matière de ce site, il t’en faudra  pour bâtir ta propre appréciation, ta propre connaissance de la géopolitique des réseaux d’influence (lobbies, think tanks, fondations,…) et éventuellement pour actualiser, amender, voire infirmer mes analyses ; tous les liens qui guident vers des documents/ ressources d’origine t’aideront à cela.
Prends le temps aussi de digérer nombre de mes « révélations », certaines sont dures à avaler – je sais de quoi je parle, j’ai eu à les avaler en premier ! Mâche bien, n’oublie pas ce vieux conseil de Nietzsche selon lequel un philosophe est un ruminant. 
Si tu es pressé, passes ton chemin, le prêt à penser est ailleurs, et il abonde, qu’il soit de droite comme de gauche, social libéral ou même radical dans la perte de sa substance étymologique même : prendre le problème à la racine, dans toute la complexité de ses ramifications souterraines. Et c’est bien là ce que je m’efforce de réanimer et de faire. En ce sens – en ce seul sens – ce site peut-être qualifié de radical, de très radical.

En un mot, résiste solitairement à l’air du temps si tu veux en comprendre la substance et que cela prenne le temps qu’il faut, sinon rejoins les pasteurs de troupeaux de droite comme de gauche qui n’attendent que toi.        

A l’écart de ces perspectives dogmatiques, l’objet de nombre d’analyses et de représentations qui figurent sur ce site (notamment dans l’espace Réseaux > Dimension européenne) étudient de prés le rôle du lobbying et des organisations discrètes d’influence auprès des institutions européennes. Elles montrent notamment combien leur action a été prépondérante dans le champ de l’élaboration du Traité Constitutionnel Européen puis du Modèle de Nouveau Traité, feuille de route et mouture de base du Traité de Lisbonne. Prépondérante aussi dans l’élaboration de la résolution du Parlement européen du 8 mai 2008, portant sur les activités des groupes d’intérêts / lobbyistes auprès des institutions de l’Union. Prépondérante encore dans la construction déjà bien avancée d’un marché unique transatlantique entre l’Union Européenne  et les  Etats-Unis, dans l’établissement du Conseil Economique Transatlantique et dans le fonctionnement du Dialogue Transatlantique des Législateurs. [Consulter sur ce site l’entrée : Réseaux > Espace européen ]

Plus concrètement, mes « analyses preuves à l’appui et vérifiables par tout un chacun », se basant sur des faits et fuyant la spéculation, mettent en évidence l’existence et les agissements de véritables réseaux collusifs comprenant à la fois des représentants des intérêts privés de firmes transnationales ET des responsables politiques de l’Union, notamment des députés européens. Réseaux, mais aussi politique globalitaire dans lesquels pouvoir public et privés, intérêt général et particulier se trouvent confondus violant les principes élémentaires de séparation des pouvoirs définis par Montesquieu et sur lesquels reposent toute institution démocratiques digne de ce nom. Mais confondus aussi à l’écart de tout regard critique et de toute visibilité démocratique. De la sorte c’est la Démocratie qui se trouve alors doublement confondue, et le citoyen avec elle, relégué au rang flouté d’opinion publique comme pâle spectateur d’une société anonyme.

Il va donc sans dire que je ne saurais cautionner de quelconques parcours rapides de ce site visant à échafauder un argumentaire ad hoc destiné à appuyer une thèse de type « tous pourris » et qui prendraient pour cible le parlement européen, plus largement les élites en fonction, ou l’Union Européenne dans son existence même ou enfin de façon ciblée, et au hasard, à trop facilement « casser du socialiste » par la gauche. La politique opaque mise en œuvre par une minorité ne peut servir à jeter l’opprobre sur une majorité qui plus est très diverse. Bien au contraire dénoncer par l’investigation et l’analyse fine des exactions localisées de collusions de pouvoirs et de pratiques d’influence intégrées, c’est aussi symétriquement rendre hommage à tous ceux – et nombreux - qui s’affranchissent de leur mission avec conscience et responsabilité, qu’ils partagent notre sensibilité politique ou non. C’est aussi contribuer à rendre intelligible ce qui ne l’était pas, ce qui donc ne peut être que profitable à tous, et donc aussi à quantité de députés européens qui, comme je le rappelle sur le site, s’interrogent de longue date et interpellent la Commission sur le rôle des groupes d’intérêts et des réseaux d’influence au sein des institutions européennes.
[ Consulter l’entrée Documents sur ce site, pour un accès rapide à ces documents / Questions des députés européens sur la participation de Commissaires européens aux réunions de Bilderberg et de la Commission Trilatérale – entre autres ; les débats au parlement afférents à la résolution du 8 mai 2008, sur les activités des groupes d’intérêts / lobbyistes auprès des institutions de l’Union montrent aussi combien ce sujet est hautement préoccupant et politiquement incontournable pour quantité de députés européens -- même entrée sur le site]

Pour eux et pour nous, permettez que je donne une seule « consigne de vote » pour les élections de ce 7 juin : VOTEZ !
Pour qui bon vous semblera, mais votez.

Que le contenu de ce site, après mûre réflexion de votre part puisse éclairer votre choix et vous serve à alimenter les réunions publiques de cette morne campagne électorale européenne dont le vide politique collectif est déjà une invitation triste à l’abstention ; à l’abstention de tout désir d’Europe dont une citoyenneté éclairée serait le moteur ; et aller voter c’est déjà y combattre cela.

Ah ! J’allais oublier :

 Les textes idées, analyses, schémas et tous documents dont je suis le seul auteur et qui figurent sur ce site
sont libres de tous droits - mais n’oubliez pas vos devoirs !
Je vous fais, comment dire…conscience.

Patrick Gatines / 15 mai 2009