Global leaders

Patrick Gatines – décembre 2007

 

XV  La société a le droit de demander compte à tout agent public de son administration. 
XVI  TOUTE société, dans laquelle la garantie des droits n’est pas assurée, ni les séparation des pouvoirs déterminée, n’a point de constitution.
Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen, décrétés par l’Assemblée Nationale dans les séances des 20, 21, 23, 24, et 26 août 1789, acceptés par le Roi.

N.B : Caractères gras et fautes d’orthographe sont dans la version d’origine officielle.   
Nota : Le principe de séparation des pouvoirs, ne figure pas dans la Charte des Droits Fondamentaux de l’Union Européenne.

… mais après lecture du texte ci-dessous.

                                                       
Présentation de l’entrée Global Leaders

Ils occupent tous des positions déterminantes dans la géopolitique asymétrique, celle qui se joue dans les organisations multilatérales (OMC, Banque Mondiale, FMI, Union Européenne...), les hautes fonctions stratégiques dans les firmes globales, et celles moins connues mais déterminantes dans les réseaux d’influence. Ils occupent aussi ou ont occupé des fonctions à un niveau national (dissymétrique) dans la haute administration,  les activités législatives et exécutives des Etats qui composent les organisations multilatérales.
Dans les fonctions asymétriques qu'ils occupent, rarement élus, ils rendent très peu compte de leurs activités aux citoyens. Tous espaces politiques vitaux dans les nouveaux modes de gouvernement mondial où s’élaborent une géopolitique furtive, d’autant plus efficace qu’elle n’est pas perturbée par les humeurs et les choix du suffrage universel ; d’autant plus efficace aussi car bien que réelle, telle un système d’armement furtif, elle ne produit pas l’information de sa propre existence.


Ce genre de géopolitique ne rend pas un service secret, mais un service discret aux intérêts privés, au sein d’organisations nationales mais surtout internationales censées représenter l’intérêt général.
Dans ces fiches global leaders on trouvera plusieurs générations de représentants de ces élites internationales pour lesquelles la prolifération des organisations supranationales, des réseaux d’influence et autres think tanks depuis 1945, tout comme celle des démocraties avec leur lot nécessaire de hauts responsables administratifs, a offert l’ expansion quantitative et qualitative d’opportunités et de perspectives professionnelles et carriéristes par le petit jeu des « chaises musicales », alors même que la mondialisation industrielle, commerciale et capitalistique dessinait de nouveaux horizons prometteurs pour le haut management.
On trouvera aussi des fiches d’analyse relativement aux trois dernières commissions européennes, ainsi que des analyses détaillées des conditions de réalisation du Traité Constitutionnel Européen et du Traité de Lisbonne, où les réseaux d’influence ont eu l’occasion d’exercer toutes leurs capacités.
C’est en effet dans les entrelacs d’institutions publiques et privées que se déplacent ces élites globales et que se déploient les stratégies de déréglementation juridiques qui vident de leur substance les droits des peuples, alors remplacés par de nouvelles normes dont le maître mot de la libre concurrence articule le retour d'un nouveau Contrat Naturel correspondant ici à  un darwinisme social où les lois de la jungle globale dans le cadre d’une lutte individuelle pour la vie sont hissées en lieu et place du Contrat social alors réduit à peau de chagrin et où les valeurs des Lumières n’ont plus qu’une utilité symbolique et de bonne conscience.


C’est aussi là que se tisse pour moi un régime politique d’un nouveau genre : la démocratie corruptive, basée sur le principe de la corruptio (1170), c'est-à-dire par altération de la substance – ici démocratique - par décomposition. Un tel nouveau régime politique ne respecte plus le principe de séparation des pouvoirs et notamment celui entre intérêt public et intérêt privé, et ce par le jeu des services discrets organisé par les réseaux d’influence. S’y réalise la suprême transmutation qui pourrait se formuler comme suit : Défendre les intérêts des firmes globales, c’est oeuvrer pour la croissance, créatrice de richesses et d’emplois pour tous et donc… et bien oui … c’est oeuvrer pour l’intérêt général ! Donc, défendre les intérêts privés des firmes globales, c’est défendre l’intérêt général et le bien commun.   La somme des intérêts particuliers, égale l’intérêt général, en quelque sorte.
Dernier braiement de l’âne positiviste !
On pourrait en rire si n’était que ce que construisent ces global leaders n’est autre que la dépouille de la démocratie républicaine telle que l’énonçait Montesquieu par de-là les siècles:

« Les politiques grecs qui vivaient dans le gouvernement populaire, ne reconnaissaient d’autre force qui pût le soutenir que celle de la vertu.
Ceux d’aujourd’hui ne nous parlent que de manufactures, de commerce, de finances, de richesses, et de luxe même.
Lorsque la vertu cesse, l’ambition entre dans les cœurs qui peuvent la recevoir, et l’avarice entre dans tous. Les désirs changent d’objet : ce qu’on aimait, on ne l’aime plus ; on était libre avec les lois, on veut être libre contre elles ; chaque citoyen est comme un esclave échappé de la maison de son maître ; ce qui était maxime, on l’appelle rigueur ; ce qui était règle on l’appelle gêne ; ce qui était attention on l’appelle crainte. C’est la frugalité qui y est l’avarice, et non pas le désir d’avoir.
Autrefois le bien des particuliers faisait le trésor public ; mais pour lors le trésor public devient le patrimoine des particuliers.
La république est une dépouille ; et sa force n’est plus que le pouvoir de quelques uns et la licence de tous.  »                           

MONTESQUIEU - L’ESPRIT DES LOIS - Livre III, chap.3 – 1748