La Commission E-éduc : l’Education Nationale marginalisée par son Ministre
Xavier Darcos ouvre grande la porte au lobby de l’informatique et au MEDEF

Patrick Gatines – Enseignant et chercheur indépendant - 6 mars 2008


    
Alors que la mise en œuvre et les travaux des commissions Attali (sur la libération de la croissance) et Pochard (sur la rénovation du métier d’enseignant) ont été largement médiatisées par le gouvernement, la commission Mounet à été activée dans un cadre beaucoup plus confidentiel, sans aucune couverture de la presse,  des radios et des télévisions. Pourtant alors que sa composition est proprement scandaleuse  et se présente comme une entreprise de lobbying organisée sous l’autorité du ministre Xavier Darcos, la mission de cette commission, dite E-educ, est d’une portée fondamentale pour les missions de l’Education Nationale dans le cadre de leur modernisation relativement à l’emploi et à l’implication des technologies de l’information et de la communication pour l’enseignement (TICE). Qu’en est-il au juste ?                                                                                                                                                                                                        

Dans un dossier de presse daté du 23 janvier 2008 (mis en ligne sur le site du ministère [1]), sous le titre :
« Xavier Darcos installe la mission « E-educ » sur les technologies de l'information et de la communication pour l'Enseignement », le  ministère introduit :

« Xavier Darcos a confié à Jean Mounet, président de Syntec informatique, la mission de réfléchir au développement des technologies de l'information et de la communication pour l'Enseignement (TICE) au sein du monde éducatif. »

Suit la lettre de mission (sur laquelle nous reviendrons) au Président Jean Mounet, puis la liste des 23 membres de la commission  et enfin la présentation du forum « Ecole et Internet, vers quels usages ?».

D’ores et déjà, il est permis de se poser la question de savoir pourquoi le Ministre de l’Education Nationale a confié une mission portant sur la politique à mener en son sein en matière de TICE au président de Syntec Informatique.

La question est alors : qui est Jean Mounet ? Et donc aussi qu’est-ce que Syntec informatique ? Le ministère ne donnant aucune précision.

 

Jean Mounet est Ingénieur de l'École Supérieure de Chimie de Lyon, Docteur ès sciences physiques, diplômé de l'Université de Stanford (USA) en marketing stratégique, il a occupé plusieurs fonctions au sein du groupe Bull pour finir directeur marketing groupe.

Jean MOUNET est aujourd’hui Président de Syntec Informatique, la chambre syndicale qui regroupe les Sociétés de Services et d’Ingénieries Informatiques (SSII)  et les Editeurs de Logiciels [2]. La Syntec a été créée en 1970, compte 650 entreprises adhérentes, représentant 85 % du marché des entreprises comptant 10 salariés et plus : soit un chiffre d’affaire représentant 33 milliards d’Euros pour des activités cumulées occupant 337 000 salariés [3].
Syntec informatique, c’est un peu l’IUMM des services informatiques.  

On ne croit pas si bien dire quand on sait que Jean Mounet a été récemment missionné comme Président d’un groupe de travail du MEDEF pour rédaction d’un rapport intitulé « Faire de la France un leader mondial de l’économie numérique » publié en Janvier 2008 et prestement transmis au gouvernement. Rapport dans lequel le MEDEF donne nombre de conseils au gouvernement, notamment en matière d’éducation. [2]
De fait, Jean Mounet, organisateur de boîte à idées du MEDEF, devient celui de l’Education Nationale.

De plus, Jean MOUNET, après en avoir été le Directeur Général, est vice Président de Sopra Group (Groupe de Conseil et de services dans le domaine des technologies de l’information) qui compte au niveau mondial 11 000 employés  pour un chiffre d’affaire d’ 1 milliard d’euros (1001,4 millions d’euros exactement). Sopra group développe ses activités en France, au Benelux, en Espagne, au Royaume-Uni, en Suisse, en Italie, et par sa filiale Axway (qui intervient aussi en Europe) en Asie et aux Etats-Unis.
Sopra group compte des clients (nombreux) dans le secteur privé mais aussi dans le secteur public, en France, ce sont : l’ANPE, l’UNEDIC, l’INSEE, l’INSERM, l’AFP, le Ministère de l’Intérieur et la Direction Générale de l’Armement [4] et [5].

Jean Mounet est également Président des filiales asiatiques et américaines d'Axway (filiale de Sopra Group).

Jean Mounet est aussi Président de Pasc@line, une association (loi 1901) qui regroupe 40 écoles d’ingénieurs (selon son site). Un site très discret pour une association puisque l’internaute y doit décliner  mot de passe et identifiant  pour avoir accès à l’essentiel des informations disponibles sur son site ! [6]

Un article internet d’Anne Françoise Marès sur 01.net indique à son sujet [7](Passages soulignés par moi)

« Un projet de longue date, porté par le Syntec informatique, vient d'aboutir en ce début février 2006, avec la création de l'association Pasc@line, en référence à la première machine à calculer inventée par le philosophe et mathématicien Blaise Pascal. L'association réunit trente et une écoles d'ingénieurs, telles que Supelec, l'Isep, l'ENST, et le syndicat professionnel.
L'enjeu ? « Rapprocher davantage les mondes de l'enseignement supérieur et des entreprises, et mieux faire connaître nos métiers », assure Chantal Barbier, en charge des relations avec les formations initiales au Syntec et membre du conseil d'administration de l'association. »
Et plus loin :
« Cette première assemblée constitutive a d'ores et déjà installé six commissions. La première concerne la communication, avec la volonté de rehausser l'image de l'étudiant informaticien et du chef de projet, notamment auprès des jeunes filles. Les autres portent sur l'évolution des compétences, la veille technologique, les différentes modalités de formation, l'international et la collaboration des milieux industriels avec les établissements d'enseignement.
Deux groupes de travail se pencheront, l'un sur l'éthique et le développement durable, l'autre sur les statistiques de la profession. Ces dernières sont l'un des chevaux de bataille de Pierre Dellis, ex-délégué général du Syntec, nommé délégué général de Pasc@line. La présidence revient à Jean Mounet, actuel président du Syntec informatique. »       

Jean MOUNET est par ailleurs (on n’a rien sans rien) chevalier de l'Ordre National du Mérite.

Dès lors l’annonce de Xavier Darcos que j’ai placée en introduction prend toute sa saveur, je la rappelle : « Xavier Darcos a confié à Jean Mounet, président de Syntec informatique, la mission de réfléchir au développement des technologies de  l'information et de la communication pour l'Enseignement (TICE) au sein du monde éducatif. » De fait Xavier Darcos, tout en occultant les autres fonctions de Jean Mounet, ne parle pas d’Education nationale mais de « monde éducatif », une expression suffisamment vague convenant mieux aux activités multicasquettes de Jean Mounet, ne donnant aucun contour institutionnel au cadre de sa mission, ignorant la distinction Privé/Public, et… ne faisant aucune référence à l’Education Nationale.

 

Sur le plan quantitatif, ce sont sur 23 membres,  quatre seuls représentants de l’Education Nationale :
Alain SERE – Rapporteur de la Commission (IGEN), Marie Christine MILOT (SDTICE), Jean Denis (DGESCO) et Bernard LORHO ( DGES) [1]

Sur le plan qualitatif, dans le dernier paragraphe de la lettre de mission adressée à Jean MOUNET ( Président de la Commission E-éduc, Président de Syntec Informatique, vice Président de Sopra Group, Président des filiales asiatiques et américaines d'Axway (filiale de Sopra Group), Président de Pasc@line et Président du groupe de travail du MEDEF portant rapport 2008: « Faire de la France un leader mondial de l’économie numérique »), Xavier Darcos, Ministre de l’Education Nationale, définit la mission de ces quatre agents de l’Etat comme suit : [1]
« L'inspection générale de l'Éducation nationale (IGEN) et l'inspection générale de l'administration de l'Éducation nationale (IGAENR), la Direction générale de l'enseignement scolaire (D.GESCO) et la Sous Direction aux TICE (S.D.TICE), vous apporteront les concours que vous solliciterez dans le cadre de votre mission. La Direction générale de l'enseignement supérieur (D.GES) y sera associée.       
                                                       Je vous prie d'agréer, Monsieur le Président, l'expression de ma considération distinguée.
                                                                                                                    Xavier Darcos »
En clair nos quatre représentants d’instances de l’Etat ne seront là que pour « apporter leur concours », autrement dit assister le multi Président Mounet dans le cadre qu’il jugera bon de les solliciter, ils sont constitués de fait comme ses subalternes facultatifs.
Représentant à eux quatre seulement 17% des effectifs de la Commission, le Ministre ne les missionne auprès du Président Mounet que sur des strapontins ! Voilà la place qu’octroie notre Ministre à l’Education Nationale dont il a la charge !
Par là même, Xavier Darcos refuse tout pilotage et rôle moteur à l’Education Nationale dans cette commission chargée de plancher, entre autre, sur des bases de partenariat public/privé (PPP).

Et le reste de la Commission, les 83% de membres restants ? Vous ne voyez pas quels intérêts ils représentent ?

En effet les 19 membres restants se ventilent comme suit :
5 représentants de SYNTECH INFORMATIQUE (dont Jean Mounet est Président), ce sont :

2 représentants de SOPRA GROUP (dont Jean Mounet est vice Président, Sopra Group étant membre de Syntech), ce sont :

2 représentants, l’un de Sopra group et de Pasc@line (dont Jean Mounet est Président): Noël BOUFFARD
l’autre de Syntech et de Pasc@line (Mounet est le président des deux) : Marie MOUCHOT

8 membres représentants de sociétés-membre de SYNTECH INFORMATIQUE :

Enfin, 2 représentants de sociétés de conseil en stratégie et management spécialisées en informatique :


On remarquera que le « Système Mounet-MEDEF » au sens strict représente 17 représentants soit 74% des 23 membres de la Commission, pour des sociétés de services informatiques privées qui représentent en tout 83% de l’ensemble des représentants de la Commission.
Toutes sociétés pour lesquelles l’Education Nationale constitue un marché juteux et qui se sont particulièrement bien organisées pour en faire tomber des pans entiers dans leur escarcelle, et ce avec la bénédiction du Ministre.

On soulignera également l’absence de tout représentant de logiciels libres et gratuits dans la commission! Si la Gendarmerie Nationale vient de basculer sous Linux, il faut croire que ce n’est pas à l’ordre du jour pour l’Education Nationale !
Aucun représentant significatif non plus d’organismes d’Etat développant des produits informatiques ! A croire que l’Education Nationale est d’une telle inculture et incompétence en la matière, alors qu’elle a déjà développé des produits logiciels innovants, opérationnels et … amortis et qu’avec une réelle volonté politique et des moyens à proportion elle pourrait faire encore mieux et bien davantage… et pour moins cher. Un des aspects les plus révoltants relatif à la composition de la commission de l’omni président Mounet est qu’elle constitue une insulte à leur travail et à sa qualité qui ont un seul défaut majeur : être un obstacle à la logique de marché cornaquée par Syntech Medef. De fait, elle les réduit déjà à l’inexistence. 
 
Pour conclure sur cette partie, on fera remarquer que SOPRA GROUP a indiqué sur son site internet la création de cette commission le même jour que le Ministère de l’Education nationale sur le sien (le 23 janvier 2008) [8].
 Cette communication officielle de la société de services informatiques au chiffre d’affaire d’1 milliard d’euros est présentée comme suit :
« 23-01-2008 - Jean Mounet, Vice-Président de Sopra Group, Président de Syntec Informatique s'est vu confier par Monsieur Xavier Darcos,
Ministre de l'Education nationale, une mission sur le développement des TICE au sein du monde éducatif »
Dans la foulée, Sopra Group résume les quatre axes de réflexion de la commission, figurant dans la lettre de mission de Jean Mounet, délivrée par le Ministre,  Sopra Group y précise pour le troisième que « Jean-Claude Lamoureux, Directeur associé en charge du conseil au secteur public  de Sopra  Group participera à la réalisation de cette étude » (Etude des leviers de la conduite et de l'accompagnement du changement –ndlr).

N’étant aucunement spécialiste des mécanismes boursiers je me suis tout de même posé la question de savoir si de telles annonces combinées (E.N et Sopra) avait eu des répercutions sur le titre de la société sur le marché boursier. J’ai vite constaté une coïncidence : alors que le titre de Sopra Group était à la baisse depuis juillet 2007, il remonte après la mi-janvier 2008 où il avait atteint son niveau le plus bas.  Certes, il ne remonte  pas de façon continue mais selon une tendance haussière, inédite depuis juillet 2007.

Docs à l’appui :

Entendons-nous bien, une simple corrélation ne peut valoir causalité, mais je tiens à la souligner pour que ceux qui ont les compétences que je n’ai pas en matière boursière puissent en confirmer ou en infirmer la portée.
En ce sens, et à toutes fins utiles, précisons que le capital de Sopra Group se répartit comme suit : Sopra GMT  (Famille Pasquier, famille Odin, Caravelle, Managers du groupe) 38%, GENINFO Société Générale (12,51%), IBI (5,18%), Famille Odin (2,86%), Groupe Crédit Agricole (2,05%), Famille Pasquier (1,66%), Caravelle (0,61%) et enfin 37,13 % pour l’actionnariat public.   
Même en laissant tout cela de côté, on ne peut que remarquer que Sopra Group tout en informant sur son site  du rôle éminent que va jouer son vice Président dans la Commission missionnée par Xavier Darcos, délivre en sus une information qui ne figure pas sur le site de  l’Education Nationale : le rôle de Jean-Claude Lamoureux (Sogra group) dans la Commission. Une information supplémentaire qui montre combien nombre de choses étaient déjà ficelées au jour même de l’annonce officielle et combinée (Ministère et Sopra Group) de la création de la Commission E-educ.
Toutes informations auxquelles n’ont pas accès les pauvres fonctionnaires que nous sommes, mais dont Sopra Group à la primeur, au moins ici et officiellement pour une (la fonction de JC Lamoureux), bonne pour ses affaires.
PS : Au fait M. le Ministre, où est le rapport d’étape que vous réclamiez pour février ?

Avec la commission Mounet missionnée par le Ministre de l’Education Nationale, ce sont les représentants des intérêts privés qui sont assurés du pilotage et de la maîtrise de la définition de l’intérêt général et de sa dynamique en matière d’enseignement à l’heure des technologies de l’information et de la communication portant sur la politique à mener en la matière pour préparer aux défis du XXIe siècle nos élèves, étudiants et apprentis . De fait les intérêts privés vont y définir l’intérêt général tout « en se payant sur la bête », c'est-à-dire en faisant force propositions leur permettant, n’en doutons pas, de s’octroyer nombre de parts de marchés dans le cadre de partenariats public-privé (PPP). La part du lion que se taillent les entreprises du secteur et le MEDEF dans cette commission n’augure pas d’autre-chose tout en portant la signature du cynisme.
Un cynisme dans lequel les représentants des logiciels libres et gratuits n’ont aucune place, bien sûr, tout comme ceux de l’Education nationales qui ont développé des produits amortis. Quelle importance puisque c’est le contribuable qui paiera la facture que l’on épongera en partie, sans doute, avec la suppression programmée des plus de 11 000 postes d’enseignants qui représentent 600 millions d’euros, soit l’équivalent du montant du délit d’initiés d’EADS (600 millions selon Les Echos) et pour lequel 800 personnes sont suspectées (selon Le Figaro).
Le Ministre a beau motiver un forum de discussion pour alimenter les réflexions de la commission Mounet, sa composition porte déjà en elle-même cette musique que nous ne connaissons que trop : « c’est décidé, mais faut qu’on en parle », le secteur privé et le MEDEF s’y trouvant juges et parties, missionnés par le Ministre.
Cette Commission E-educ est adémocratique : tourne le dos au fonctionnement de nos institutions qui fonctionnent depuis 1789 sur le principe de séparation des pouvoirs, et au premier chef entre le pouvoir économique et le pouvoir politique afin d’éviter tout conflit d’intérêt, principe théorisé par Montesquieu dans « L’Esprit des Lois » et qui en condamnait la violation dans les termes suivants :


« Les politiques grecs qui vivaient dans le gouvernement populaire, ne reconnaissaient d’autre force qui pût le soutenir que celle de la vertu.
Ceux d’aujourd’hui ne nous parlent que de manufactures, de commerce, de finances, de richesses, et de luxe même.
Lorsque la vertu cesse, l’ambition entre dans les cœurs qui peuvent la recevoir, et l’avarice entre dans tous. Les désirs changent d’objet : ce qu’on aimait, on ne l’aime plus ; on était libre avec les lois, on veut être libre contre elles ; chaque citoyen est comme un esclave échappé de la maison de son maître ; ce qui était maxime, on l’appelle rigueur ; ce qui était règle on l’appelle gêne ; ce qui était attention on l’appelle crainte. C’est la frugalité qui y est l’avarice, et non pas le désir d’avoir.
Autrefois le bien des particuliers faisait le trésor public ; mais pour lors le trésor public devient le patrimoine des particuliers.
La république est une dépouille ; et sa force n’est plus que le pouvoir de quelques uns et la licence de tous. »

MONTESQUIEU
- L’ESPRIT DES LOIS - Livre III, chap.3 – 1748 [11]

Oui c’est bien de la dépouille de la république que la Commission E-educ est la signature : La Chose publique s’y vend corps et âme à la Chose privée.
On est là dans une politique de décivilisation.

Pour conclure, je tiens à préciser que celui qui écrit ces lignes n’est nullement opposé à tout partenariat Public/Privé, il pense même que cela peut être profitable aux deux parties et donc aux élèves, étudiants et apprentis. Mais il pense aussi que dans une telle perspective le secteur public et les agents de l’Etat qui le repréntent doivent y être les maîtres d’œuvre afin de prémunir de toute dérive et d’y réaliser la politique relative à l’intérêt général (sur des principes de droit public) où les richesses en matière d’innovation des entreprises privées « fassent le Trésor Public » , de sorte qu’elles en retirent une juste rétribution, selon des termes clairs et définis.
C’est là le devoir institutionnel et politique de l’Etat que de faire valoir l’intérêt général face aux avidités des intérêts particuliers et de leurs pratiques de lobbying qui, si nous n’y prenons garde, risquent de devenir un nouveau mode de gouvernance où la démocratie réduite à une dimension symbolique deviendra bientôt comme un nouveau mode d’aliénation politique pour nos élèves, étudiants et apprentis, citoyens de demain.
Nous ne devons pas accepter cette situation qu’inaugure officiellement la commission Mounet. Nous ne devons pas l’accepter car il est de notre devoir d’en dénoncer les termes, de nous battre pour sa dissolution et d’en obtenir une toute autre composition qui satisfasse aux règles élémentaires de déontologie républicaine dont nous sommes responsables pour les générations futures.

Il est donc du devoir des Médias de faire toute la lumière sur cette commission Mounet/E-éduc, sinon cette mise en garde de Jean-Jacques Rousseau risquerait fort de devenir effective, sous un format actualisé, et dont notre époque a déjà bien des relents :

« Mais quand le noeud social commence à se relâcher et l’Etat à s’affaiblir ; quand les intérêts particuliers commencent à se faire sentir et les petites sociétés à influer sur la grande, l’intérêt commun s’altère et trouve des opposants. (…)
Enfin quand l’Etat près de sa ruine ne subsiste plus que par une forme illusoire et vaine, que le lien social est rompu dans tous les cœurs, que le plus vil intérêt se pare effrontément du nom sacré du bien public ; alors la volonté générale devient muette, tous guidés par des motifs secrets n’opinent pas plus comme Citoyens que si l’Etat n’eût jamais existé, et l’on fait passer faussement sous le nom de Lois des décrets iniques qui n’ont pour but que l’intérêt particulier. »


Jean Jacques ROUSSEAU - Du Contrat Social – 1762 –
Livre IV- Chapitre 1 / Que la volonté générale est indestructible [12]

Dès lors, s’ouvrirait un Siècle des Opacités où les principes de l’Education Nationale reposeraient sur celui des « petites sociétés » et non sur ceux de « la grande ».
De sa grandeur nous avons tous la charge.

Patrick Gatines – Enseignant et chercheur indépendant – 6 mars 2008

Sources / liens :
Un court article précurseur que je viens de découvrir, paru dans Politis et dont je prends connaissance en réalisant
cette dernière rubrique, on y trouvera un intéressant tableau d’analyse réalisé par Luc Mamin (enseignant), sur le même thème
:
http://www.politis.fr/Commission-e-educ-un-areopage-tres,3003.html

[1] Communication complète du Ministère
[2] Site Syntech Informatique
[3] Données chiffrées sur site Syntech Informatique
[4] Site SOPRA GROUP
[5] Données Chiffrées Sopra Group
[6] Site Pasc@line
[7] Article intégral
[8] Annonce Commission E-educ sur site Sopra Group
[9] Courbe des actions Sopra Group sur 2ans (Capital.fr)
[10] Courbe sur 1 an (Capital.fr)

[ 11 ] Montesquieu - L’esprit des Lois – Tome 1, livre 3, chap 3 – Ed. GF Flammarion – 1979 – p. 145
[ 12 ] Jean-Jacques Rousseau – Du Contrat Social – Livre 4, chap 1 – Ed GF Flammarion – 2001- p. 144

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